La lecture de ce roman de Calixthe Beyala paru en 2000 nous a fait penser au proverbe suivant : « On prend les hommes par le ventre. » En tout cas, l’histoire au tout début du texte le confirme et donne le ton.

  • C’est toi Biloa ? lui demanda-t-elle.
  • Je n’ai aucun nom pour la race des hommes, dit-il.
  • Pourtant, on m’a indiqué qu’en traversant la rivière, en grimpant cette montagne, j’arriverais chez Biloa.
  • Ce n’est pas moi, nie-t-il en continue-t-il de nier jusqu’à ce qu’elle lève le couvercle sur le plat du Dolé à la viande et aux crevettes qu’elle a apporté avec elle. Alors là, l’homme avoue : C’est peut-être moi.

Aissatou vit en France depuis longtemps, si longtemps que « l’exil a bouleversé ses repères. » Défrisage de cheveux. Décapage de peau. Brimade de corps.

« Je n’ai pas de seins et mes fesses sont aussi plates que la terre, parce que, critères obligent, il convient de plaire aux hommes blancs. »

Mais il y a un temps pour se perdre et un temps pour revenir aux racines. Ces racines, elle les, ou du moins, le croise un jour dans les escaliers sales de son immeuble : Monsieur Bolobolo, Malien pur souche devant qui « Minuit doit pâlir de jalousie à la vue de sa peau noire et douce. » 

Aissatou entreprend alors de le séduire, à l’africaine, comme sa maman le lui a appris. Ngombo au paprika pour s’éclaircir les idées ; tortue de brousse aux bananes plantains vertes parce qu’un « homme qui vous fait ressentir de telles émotions mérite le paradis ! » Cependant, il faut bien que tous ces plats fassent leur effet. Mais voilà que Monsieur Bolobolo sort tôt et rentre tard et toutes les astuces d’Aissatou pour le rencontrer comme par hasard ne font pas bouger les aiguilles. Finalement qu’y a-t-il à faire que de consulter les cauris ? Après tout, « une Africaine sans marabout est comme un navigateur sans boussole. Sans guide spirituel, elle court à sa perte. » Et la perte d’Aissatou, selon Professeur Gombi, est qu’elle est trop maigre. Nul besoin de consulter les cauris.

Changement de stratégie. Aissatou mange, et mijote de bons petits plats pour la mère de Monsieur Bolobolo, qui n’a plus toute sa tête.

Beignets aux haricots qui parviennent à faire fondre Monsieur Bolobolo ; Daurade aux piments rouges à lui faire perdre les sens. Antilope fumée pour le recevoir chez elle ; Boa en feuilles de bananier pour faire chasser la rivale ; Crocodile à la sauce Tchobi pour remonter le moral à l’homme. Poulet aux arachides pour arracher à l’homme la promesse du mariage.

Mais quand on ensorcèle, comment maintenir le rythme ? Comment cuisine-t-on son homme à l’africaine sans perdre son âme ? Et si ça vous dit d’essayer les recettes, partagez avec nous vos verdicts !

 

Biographie de l’autrice

Calixthe Beyala est née en 1961 au Cameroun. Arrivée en France à 17 ans, elle publie son premier roman en 1987, C’est le soleil qui m’a brûlée. Depuis, elle a obtenu le Grand Prix littéraire de l’Afrique noire pour Maman a un amant et bien d’autres prix pour ses autres romans.