1949: La bibliothèque des écritures féminines d’Afrique et du monde noir lance un appel à textes pour son projet littéraire : Quand ELLE parle.

Ce projet littéraire a pour ambition d’entendre trois voix de femmes, personnages de trois grands classiques de la littérature africaine : L’enfant noir de Camara Laye, Maimouna d’Abdoulaye Sadji et Les frasques d’Ebinto d’Amadou Koné

Dans nos relectures de ces trois classiques, on s’est plusieurs fois demandé : qu’auraient dit Daman, Maimouna et Monique si Laye, Sadji et Koné ne les avaient pas transformées en ces archétypes ?

Daman, mère de Laye dans ce roman autobiographique qui raconte l’enfance et l’adolescence de l’auteur en Guinée, est l’archétype de la mère aimante, La Madone un peu mystique sur les bords, celle qui peut détourner les sorts et tenir à distance les crocodiles du fleuve Niger. Elle est la grande protectrice de son fils : féroce et intrépide. La fissure apparait dans la paroi que Laye a créée autour de sa mère quand elle proteste contre le départ de son fils pour y poursuivre ses études. Mais l’archétype d’une bonne mère demeure l’archétype d’une bonne mère : Daman n’est pas véhémente dans ses protestations, et elle garde la tête haute.

Qu’en est-il de Maimouna, la jeune héroïne du roman éponyme d’Abdoulaye Sadji ? Elle quitte Louga pour Dakar où elle est fêtée et adulée pour sa grande beauté. Maimouna devient Etoile de Dakar et elle ne manque pas d’attirer l’attention d’un vieillard polygame, Galaye, qui souhaite faire d’elle sa femme. Mais Maimouna aime un autre, Doudou, de qui elle tombe enceinte. Cependant, Doudou l’abandonne et humiliée et vilipendée, Maimouna est renvoyée dans son village par sa sœur et son beau-frère.

C’est vrai que le but d’Abdoulaye Sadji dans l’écriture de Maimouna, publié en 1953, était d’exposer « deux mondes, deux façons de vivre, deux moralités, les deux visages d’une Afrique en transition », cependant, le portrait de Maimouna couverte de honte à cause d’une grossesse est celui qui domine. Nous n’entendons pas les pleurs d’une fille abusée mais les récriminations qui lui sont lancées pour avoir osé choisir. Comme si cette jeune fille de 16 ans aurait dû être heureuse d’être l’épouse de ce vieillard de 60 ans.

Et Monique alors dans Les frasques d’Ebinto? Monique la silencieuse. Quand elle est enceinte de son jeune amant, Ebinto et que son père la force dans un mariage avec ce dernier, elle accepte, et supporte les méchancetés d’Ebinto. Quand il la blâme de lui avoir gâché la vie. Quand elle devient la raison pour laquelle il ne peut devenir un fonctionnaire dans la jeune administration ivoirienne. Quand il la trompe. Finalement, Monique meurt – s’est-elle suicidée alors qu’elle et Ebinto se rendaient dans le village de ce dernier ?

 

 

 

 

 

 

 

 

A travers ce projet, nous voulons découvrir la vie intérieure de ces personnages féminins dans leur humanité: lire leurs triomphes, leurs frustrations privées et leurs difficultés, leurs rêves, leurs fantasmes inavoués – leurs complexités.

Que se passe-t-il quand Daman, Maimouna et Monique ne sont pas écrites à travers la 3e personne du singulier mais parlent pour elles-mêmes, que ce soit à la 1ère personne ou à la 3e personne du singulier avec le récit vu à travers leurs yeux ? Pour ces femmes présentées comme archétype de la bonne femme, comme un avertissement de ce qui arrive quand une femme veut plus, on pense même que la 2e personne du singulier ou du pluriel causera bien des étincelles. Que se passe-t-il quand ELLE parle pour elle-même ?

Comment soumettre votre texte

Nous voulons lire des nouvelles et de la non-fiction créative (essais, articles, récits de voyage, mémoires, etc.) écrites par des femmes noires/africaines vivant en Afrique ou dans la diaspora de 5 000 mots tout au plus en français ou dans les différents français.

Nous n’acceptons pas d’articles universitaires

Un texte par personne avec votre biographie et l’adresse email en bas du texte qui devra être envoyé en pièce jointe avec une photo de vous

Tous les textes et questions devront être envoyés à contact@1949books.com avec comme objet du mail : Quand ELLE parle – titre de votre nouvelle/récit – votre nom (ex : Quand ELLE parle – L’enfant noir – Camara Laye)

 

La date de clôture est fixée au 16 octobre 2022 à 23:59 GMT